LUKANOV × uc.

« Patron! PATRON! » Anastasiy tourna la tête vivement. Le bruit des enceintes lui montait à la tête. Il était parti dans une sorte de transe où il fixait les jeunes femmes qui dansaient sensuellement sur la piste de danse. Du haut de son bureau, il surplombait la boîte de nuit. Sa boîte de nuit. La baie vitrée teintée le cachait, mais ne l'empêchait en aucun cas d'observer le comportement de ses clients. Les humains le faisaient rire des fois. Ils s'enivraient, se séduisaient, puis finissaient à vomir sur la piste. Un de ses videurs - un homme afro-américain plutôt imposant - toqua une fois de plus fortement sur la porte. Anastasiy sentit l'urgence et le regarda, le regard vide. Il avait faim, même très faim. « Oui? » Le videur - qui devait s'appeler Tony ou un autre prénom ridicule - s'approcha de son bureau, l'air stressée. Anastasiy se figea, et croisa les bras du son costume. « On a quelqu'un de mort dans les toilettes. Faudrait que vous veniez voir, patron. C'est la petite Aurora. » Anastasiy eut le souffle coupé - même si les vampires n'étaient pas connus pour respirer. Il attrapa sa veste avec vigueur et déboula dans les couloirs. Fendant la foule, poussant les badots alcoolisés, il entra dans les toilettes pour femmes. D'un geste, il les fit évacuer. Les quelques femmes qui se remaquillaient ne se doutaient de rien, même si un des videurs restaient devant la porte d'une des toilettes. « Louis, dehors. RESTEZ TOUS DEHORS. Je ne veux personne dans ces toilettes. Personne ne rentre, compris ?! » La porte se ferma. Anastasiy s'avança prudemment, tout doucement vers la jeune fille qui était sur le sol la tête posée sur les toilettes. Il sentait son cœur battre, si faiblement. Il s'accroupit, et enleva les quelques mèches de cheveux qui s'étaient déposés sur son visage si paisible. Mais bon dieu, qu'avait-elle fait ? Il ne pouvait pas la laisser mourir. Bizarrement, elle comptait pour lui. Certes d'une manière étrange, mais quand même. Il caressa sa joue froide et prit une décision radicale: il fallait qu'il la transforme. Il n'avait aucune réelle raison pour avoir eu cette pensée-là, mais il ne pouvait se résigner à la laisser mourir. Le temps qu'une ambulance arrive, elle serait déjà morte. Il se pencha vers elle, et commit un acte irréparable qu'il savait qu'Aurora considérait comme une infamie.