Hello, I'm your worst nightmare.

Errant dans les rues de Boston, elle les parcourait sans but en tête. Elle avait passé la nuit à Cap Cod pour satisfaire sa faim, malgré les nombreux freshies qu’il pouvait y avoir à sa disposition. Il lui arrivait de se détourner des bonnes mesures pour retomber dans sa sauvagerie. Elle ne le niait pas, elle appréciait voir la peur dans le regard de ses victimes juste au moment où ils comprennent qu’ils vont y passer. Norma-Jean a l’avantage de dégager une aura rassurante, trompant sans remord ses proies. C’était si simple d’amadouer un jeune homme, de jouer spécialement pour lui, la demoiselle en détresse pour qu’il ait plus l’impression d’avoir la situation entre ses mains. Elle les laissait parfois même profiter d’un peu de sa chair glacée avant d’avoir leur dernier souffle de vie. C’était pourtant rare, elle ne leur faisait ce plaisir que si la personne concernée lui plaisait réellement. Elle leur offrait en quelque sorte un cadeau, un plaisir personnel qu’ils emporteraient ensuite dans la tombe. Malgré tout, et en règle générale, elle n’accordait que peu d’importance à ses cibles car sa seule envie, n’était pas de passer du bon temps avec des mortels mais bien de les vider de leur sang. Les plus chanceux s’en sortaient et elle s’arrangeait pour que cela se passe dans une forêt ou un endroit où l’ont pourrait accuser facilement les animaux sauvages. Norma n’était pas une débutante en la matière, elle avait plus de mille ans d’expérience à son actif. En plus de cela, elle tenait une place privilégiée au sein du Manoir, elle avait tout intérêt d’être très discrète sur sa véritable nature. Une des raisons pour laquelle elle sortait peu, et quand elle le faisait, c’était surtout la nuit. Elle s’était habituée à l’obscurité, c’était sous la lune qu’elle se sentait bien plus à l’aise. Mais il existait une exception.
Lorsqu’elle se lassa de marcher sur les trottoirs, entourée par les humains, elle réfléchit à ce qu’elle pourrait bien faire pour se divertir un peu. Elle arrivait parfaitement à se contrôler en public, le sang battant dans leur veine l’appelait toujours mais elle avait réussi à faire diminuer la présence de la faim. Il fallait des années de pratique pour arriver à un tel contrôle de soi. C’était bien pour cette raison que les nouveau-nés n’avaient pas droit à la pierre avant un certain âge de maturité. Ainsi, s’ils désiraient enfreindre les règles, ils n’auraient qu’à cramer sous les rayons de ce soleil éclatant. Quel dommage. Au bout de quelques minutes, elle aperçu à travers la vitre d’un bistro la télé allumée sur une chaine d’information. Elle posa les yeux sur la chaine qui lui rappela aussitôt une personne : Hope. Évidemment, quelle bonne idée se dit-elle ! Elle devait certainement travailler, elle n’aurait donc aucun mal à la trouver. Cette petite idiote ne pourrait être que ravie de voir Norma-Jean… de façon ironique en tout cas. Et elle s’éclipsa.
Un petit tour de passe-passe, le jeu de « je suis de la famille d’un tel » et c’était bon. Elle marchait maintenant dans les bureaux d’un journal télévisé, c’était la première fois qu’elle y mettait les pieds pour être honnête. C’était rempli de journalistes, entre autre. Ces personnes trop excessivement fouineuses ne plaisaient guère aux vampires, bien qu’ils ne s’en inquiétaient que très peu. Norma avait pris l’habitude de sortir un peu plus souvent du Manoir ces derniers temps. Depuis la mort de Syhem, le monde vampirique était en plein mouvement et c’était peut-être, bientôt, le début d’une nouvelle aire. « Excusez-moi, je cherche Hope Whiter. » « Oh elle est actuellement sur le plateau, là-bas. » Norma remercia d’un sourire la jeune femme qui venait de lui montrer le chemin. Elle s’aventura donc dans les couloirs qui devinrent plus sombre, les lumières étant toutes concentrées sur le plateau et la personne qui en était le personnage principal. Norma remarqua bien vite que c’était Hope et qu’elle ne jouait pas à la miss météo cette fois. Elle s’accouda contre un mur, dans l’ombre mais assez près pour que Hope la remarque rien qu’en détournant une seconde les yeux. Norma se joua même à lui sourire alors que Hope perdit tous ses moyens en la remarquant. Une fois la prise terminée, la jeune freshie se dirigea vers Norma d’un pas décidé et presque menaçant à en juger par l’expression de son visage. Le vampire baissa doucement les yeux sur la main qui venait d’empoigner son poignet, elle n’était plus du tout apte à sourire. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Norma récupéra son bras. « Mauvais départ mon agneau. » lâcha-t-elle discrètement. Sa mauvaise humeur soudaine fut quelque peu apaisée par les battements du cœur de Hope qui s’accéléraient de plus en plus. Norma jubilait intérieurement. « Tu ne peux pas rester ici. » Quelle audace dont pouvait faire preuve Hope, c’était remarquable mais tout aussi idiot. Norma laissa son dos se coller contre le mur, les bras croisés. Elle s’apprêtait à ouvrir la bouche mais la referma aussitôt, quelques secondes après une personne les rejoignit. « Hope ! Tu as fait un très bon travail, bravo. » Il, parce qu’il s’agissait d’un homme d’une trentaine d’année, posa les yeux sur Norma. « Qui est-ce ? » La brunette ne donna pas le temps à Hope de répondre, elle présenta sa main comme pour se présenter. « Je suis sa sœur, Norma-Jean. » Comme elle s’y attendait, les deux jeunes gens en face d’elle semblèrent surpris. « J’ignorais que Hope avait une sœur, enchanté. » Et il lui serra la main, remarquant sans mal la froideur de sa peau puis il s’excusa et s’éloigna. « Quelle belle famille tu ne trouves pas ? Je vois que tu ne joues plus les gourdes à présenter la météo, je te félicite. Finalement tu n’es pas si incapable que ça. » Norma n’allait jamais par quatre chemin, surtout face à une humaine.