→ that boy is a monster /res.

❝ Instead he’s a monster in my bed. ❞

saoirs
& graeme.

→ BEACON HILL: AT "HOME".

❞ Cesse donc de faire l'enfant Saoirs, tu n'en as jamais assez ? ❞ Le regard sombre et froid de madame Sevigny - comprenez sa mère - se posa sur la jeune fille qui, une fois de plus, maugréa tout en replaçant une mèche de sa crinière brune derrière son oreille. Question d'habitude : la maison des Sevigny avait toujours été un lieu haut en couleur. Le peu de calme qui régnait ici ne durait pas. Les employés en avaient désormais l'habitude. La vampire, elle, ne supportait plus cet endroit hautain et mal famé qui abritait la personne qu'elle détestait le plus au monde : sa chère et tendre maman. Vampire depuis un an, il aurait semblé logique qu'elle change de nom pour se fondre dans la nature, disparaissant ainsi aux yeux de ses proches. Ce n'en fut pas le cas. Saoirs choisit délibérément de rester encore aux côtés des siens, du moins quelque année. Paradoxalement, il était plus que simple de dissimuler sa nouvelle nature. Hormis les deux ou trois fois ou l'envie de tuer pointa le bout de son nez, la jeune suceuse de sang avait toujours réussis là ou tous les "siens" ne semblaient même pas vouloir essayer. ❞ Je dis juste que je n'en ai strictement rien à foutre de cette soirée caritative qui a commencé il y a déjà plus d'une heure et à laquelle, forcément, tu seras en retard, maman. ❞ lança-t-elle en haussant les épaules, ne se sentant nullement concerna par cela. Sa mère insistait toujours pour la voir sortir un peu partout. Avant, c'était le cas. Aujourd'hui, la seule envie qu'elle avait été de manger. Voir de trouver Graeme pour satisfaire sa libido de lapine. ❞ Pourquoi es-tu donc venue ici alors ? ❞ questionna-t-elle tout en s'observant dans le miroir, plaçant à l'endroit exact un collier sertie de diamant, aidé par l'une de ses nombreuses assistantes pot de fleur. Le pire du job du monde selon elle. ❞ Excellente question. ❞ A laquelle aucune réponse ne vint, malheureusement, s'ajouter. Il s'agissait d'un simple acte de présence pour bonne conscience, histoire que sa mère sache que son adorable fille était toujours en vie - si cela l'intéressait. Madame Sevigny, visiblement exaspérée, finit par secouer la main vers ces deux assistantes. Ces dernières s'éloignèrent d'elle pour sortir de la pièce, laissant mère et fille ensemble. ❞ Tu ne fais rien de ta vie et tu es incapable de faire un effort alors explique moi, concrètement, à quoi tu sers ? ❞ La réflexion ne lui plu guère. Vautrée dans une fauteuil, elle se releva d'un geste vif, trop peut être, se positionnant devant sa mère, prête à la vider de son sang. Elle se retint, difficilement et fit un léger pas en arrière histoire d'installer une distance de sécurité convenable. La brune pesta soudainement : ❞ A te pourrir la vie, maman. ❞ Un immense sourire s'installa sur son visage et ce fut les dernières paroles qui furent prononcées entre elles. Saoirs prit directement la sortie, ignorant les derniers dires de sa mère.

→ MANOIR EYRIGNAC: LATER.

❞ J'ai faim ! ❞ L'immense porte noire se referma d'un coup violent, trop facile en tant que vampire, sur une Saoirs plus qu'énervée. Caine - un vampire plus âgé - pointa subitement le bout de son nez, observant d'un air moqueur sa toute nouvelle connaissance. ❞ Les rares fois ou je te croise tu as faim ou tu es énervée. Aujourd'hui, je constate que tu fais l'effort de combiner les deux. ❞ Elle haussa les épaules, remontant ses yeux aux ciels, traçant sa route, ne prenant même pas la peine de lui répondre. Excédée, elle n'avait aucune envie de voir des gens de son espèces pour le moment. Le statut de vampire lui laissait un goût amer, signe qu'elle avait peut être fait une erreur. Erreur à assumer, désormais. L'horloge de l'entrée pointait les 22H30, presque. Une flopée de freshie devait donc être à disposition non loin. Le sien devait peut être trainait dans les parages.. Enfin, le sien, tout était relatif, elle en avait fait sa propriété personnelle sans demander son avis. Il était sans doute plus judicieux d'investir dans des poches de sang.. elles étaient toujours présentes à tout moment. ❞ Tu n'aurais pas vu Graeme par hasard ? ❞ questionna-t-elle en ayant légèrement rebroussé chemin, laissant à peine sa petite tête dépasser d'une porte en observant Caine. ❞ Le petit Battersby ? Pas vu aujourd'hui, désolé. ❞ Un point de plus qui vint anéantir sa déjà si nulle journée. C'est ainsi qu'elle finit par s'installer dans un fauteuil assez peu confortable, en attente de nourriture fraiche.

Il était deux heures de l’après midi. Même deux heures passées. A son bureau, Graeme Battersby, éditeur, affalé sur sa pile de feuilles, endormi à son poste. Il avait passé la moitié de la nuit à lire ce bouquin. Il n’était pas tout à fait dénué d’intérêt, mais il manquait de maturité. L’écrivain ? Une gamine de seize ans, qui n’avait pas trouvé mieux que de lui envoyer un bouquin de suicidaires, qui en plus faisait plus de 1000 pages. A son âge ! N’avait-elle pas des études, un bac à préparer ? Apparemment non. S’éveillant difficilement ayant la marque du stylo collée sur la joue, il fut aussi désespéré qu’hier soir quand il constata qu’il n’avait corrigé que la moitié. Il se consola en regardant l’heure. « Au moins t’as pas mal dormi, Graeme. » Se levant de sa chaise, il se traina vers sa cuisine où régnait une ambiance morose. Tout était silencieux chez lui, et ça ne changeait pas de d’habitude. Ca faisait tant d’années qu’il vivait seul. Son oncle lui manquait parfois, mais il était mieux là où il était.

Graeme s’assit un instant à sa table de la cuisine après s’être fait du thé. Sa tasse fumait sur la table, tandis qu’il réfléchissait, adossé au dossier de sa chaise, pensif. Et si son plan était voué à l’échec ? Ces derniers temps tout semblait avoir changé. Le statut de Freshie le rendait malade, il ne supportait pas qu’on le touche, que ces bêtes sanguinolentes se nourrissent du sang qu’ils avaient fait couler des années auparavant. Ces trous dans son cou étaient assez explicites. Il ne se faisait pas mordre par un tas de vampires, ce qui soulevait un autre problème. Elle. Saoirs. Autrefois Freshie, la jeune femme était passée du mauvais côté, à son plus grand regret. S’il l’avait su, il l’aurait empêchée de le faire. Mais il était maintenant trop tard, et il était maintenant tiraillé, ne sachant pas s’il devait revoir son plan ou s’il devait malheureusement accepter le nouveau statut de la demoiselle de Sevigny et la considérer comme les autres. Non ça c’était impossible, elle avait un statut bien particulier pour lui. Elle était différente des autres. Il devait maintenant trouver un moyen de l’écarter de tout ça. Pas facile évidemment, sinon ça ne serait pas drôle.

La journée n’avait rien eu d’intéressant, il avait encore trouvé des ouvrages à la maison d’éditions. Il en avait tellement à lire. Alors il s’était allongé sur son canapé, et s’était endormi avec un tas de feuilles sur les bras. Ces derniers temps il récupérait en journée, puisqu’en soirée il était toujours très affairé. Vive la vie de Freshie personnel de Saoirs Sevigny. A ce propos un détour par le manoir était quasi machinal. Il prit juste soin de cacher parfaitement ses plans derrière la tapisserie comme à chaque fois, et il se mit en route.

Alors que les gens sortaient faire la bringue, il se rendait au manoir, et ce n’est qu’en ouvrant les portes qu’il constata que Saoirs n’était pas bien loin. Tous les regards se portaient déjà sur lui, et rien qu’à se sentir comme un morceau de viande Charal pas encore cuit, il détourna le regard, fixant le fauteuil où elle était assise. Mais un Freshie qui vient à un vampire c’est tellement louche. Alors, il avanca, encore et encore, pour finir non loin d’elle, et fut contraint de se laisser approcher par d’autres vampires. « Battersby, t’arrives de plus en plus tard décidément…T’as de la chance, je me suis pas encore nourri. » Et maintenant, il priait pour que Saoirs ait entendu son nom, il refusait de devoir servir de diner copieux en étant privé de dessert. Pauvre garçon. Il en était réduit à être dépendant d’eux, mais ce n’était qu’une question de temps. Leur tour viendrait. Pour l’instant, il restait impassible comme s’il savait qu’elle allait le tirer de là. Il ne disait rien, il ne leur répondait même pas à ces bébêtes. Elles seraient bientôt aussi inoffensives que des agneaux. Attendez…L’autre brandissait ses crocs. Graeme lui mit un bras en pleine figure et rétorqua : « Est-ce que je t’ai permis de me toucher ? » Freshie, mais pas naïf non plus.

Un jeune freshie d'une quinzaine d'année, apparemment, se tenait non loin d'elle, affalé dans un fauteuil, la fixant du regard, chose qui l'indignait presque. Il avait capté son attention du fait de son jeune âge. Elle aussi, avait commencé bien tôt à servir de repas à immortels. Un choix de sa part, était-ce son cas aussi ? Elle se fichait pas mal de la réponse et se contenta de le fixer à son tour, chose qui le déstabilisa puisqu'il détourna son regard sur une scène se produisant un peu plus loin : Graeme était là, à la merci d'un autre vampire et, comme à son habitude, il devait se faire remarquer, en repoussant une attaque de crocs affamés. Décidément. La jeune vampire leva les yeux aux ciels. Ce petit - grand - finirait un jour dans la gueule du loup sans qu'il ne s'en rende compte. Dans un mouvement rapide, Saoirs prit sa direction, s'interposant alors entre la nourriture et l'affamé de service. ❞ Salut, ça va ? ❞ lança-t-elle en souriant de plus belle, dévoilant ses crocs, à son congénère vampire. Sceptique, il arqua un sourcil, la prenant de haut. ❞ Je t'échange Battersby contre un petit con de 15 ans. ❞ continua-t-elle sans se soucier de sa réaction, pointant du doigt la direction du jeune homme observé auparavant qui, soudainement, se releva du fauteuil, apeuré à l'idée qu'on puisse le montrer ainsi. ❞ C'est frais, ça revigore, ne me remercie pas. ❞ et il n'en fut rien de plus, elle saisit machinalement le bras de son freshie - comme elle se plaisait si bien à le dire - l'entrainant un peu plus loin dans un couloir désert.

❞ Un jour tu te feras bouffer et pas juste suçoter. ❞ Elle repoussa avec un peu de violence - encore du mal à se contrôler en étant jeune vampire - Graeme contre un mur, ses deux mains posées de part et d'autre de sa tête, fixant de ses yeux ce qui lui servait de repas, d'amant et peut être d'amis, s'il consentait à vouloir apprécier les vampires un jour. Peine perdue en ce bas monde. Il avait tant de hargne à leur égard que s'en était perturbant de constater qu'il s'offrait si facilement à elle - et elle seule. Et pourtant, elle voyait en lui tout et rien à la fois, et se souvenait avec précision le jour ou il avait découvert son statut de vampire. Il l'avait méprisé de s'être fait avoir ainsi. Saoirs restait d'ailleurs persuadé que c'était toujours le cas. Il n'y avait pas d'exception possible, bien qu'au fond d'elle elle l'espérait. Mais leur relation était plus complexe que superficielle. Une jalousie maladive s'emparait d'elle lorsqu'un quelconque vampire osait s'approcher de lui. Pire encore, elle se sentait obligé de s'imposer, trahissant un intérêt bien trop grand à l'égard d'un simple bout de viande. Une attitude non digne d'une immortelle selon ses supérieurs et semblables.
La scène ne dura que quelque seconde, car la jeune vampire décida aussitôt de changer - encore une fois - de décor et repoussa Graeme en direction d'une porte qu'elle ouvrit à la volée. Cette dernière donnait sur une sorte de petit salon qui accueillait, de temps à autre, en petit comité des groupes de vampires et freshies. En soit, rien de bien extraordinaire et désespérément vide pour la plupart du temps. ❞ J'aurai préféré aller ailleurs. ❞ Son regard fit la tour de la pièce qu'elle ne connaissait que peu. La manoir était un beau monument. Architecture intéressante mais il était difficile dans son cas de s'y sentir à l'aise et ce, depuis quelque temps maintenant. En tant que freshie elle avait toujours apprécié cet endroit. Vampire c'était une autre histoire. L'euphorie était peu à peu passé, laissant place à un malaise difficilement qualifiable. Personne n'en avait connaissance, pas même Graeme, mais son statut d'immortel lui restait en travers de la gorge. Malheureusement, tout retour en arrière était désormais impossible. ❞ Enfin peu importe. ❞

Evidemment que ça ne lui plaisait pas. Le vampire semblait avoir encaissé un coup de trop. Et féroce comme jamais, il montra les crocs à Graeme qui se voulait des plus fiers, des plus sarcastiques : « Oh je t’ai fait mal à tes petites dents de lait ? T’en fais pas la petite souris passera t’offrir un petit cadeau. » Et ses paroles n’étaient pas tout à fait débiles en fin de compte, si on analysait la phrase, c’était lui la souris, et il était quasiment dans la gueule du loup. Le vampire semblait vouloir attendre que Graeme cligne des yeux. La scène était en suspend, ils se regardaient mutuellement, la proximité était telle, que le règlement de comptes était proche. Il l’aurait été si Saoirs n’était pas intervenue pour le bien de tous. La bonne samaritaine. Tous s’arrêtèrent puisqu’elle s’interposa. Mais si le vampire rechignait et ne semblait pas impressionné, Graeme cachait une grande marque de soulagement. Saoirs réussit à le sortir du pétrin en l’échangeant contre un gamin d’une quinzaine d’années, pour qui il eut soudainement de la pitié, puisqu’il allait morfler par sa faute. Il le regardait alors d’un air désolé alors que Saoirs s’expliquait avec l’autre abruti. Quand Saoirs l’embarqua du bras, il se retourna une dernière fois, et il pensa qu’il venait de se faire un ennemi, et non pas un allié de poids. Il chercherait à se rattraper c’était certain.

Une fois seuls tous les deux, s’embarquant il ne savait pas où, elle le mit en garde, le repoussa, et il haussa les épaules en niant tout ce qu’il venait de se passer. « Ils ont l’habitude, et moi aussi. » Mais il savait bien que la remercier la flatterait, alors il se ravisa bien vite, en explicitant de la façon la plus simple : « Merci quand même. Surtout alors que tu sais très bien ce qui attend les gens de ton espèce. » Il comprenait sa position, mais il souhaitait qu’elle regrette d’avoir un jour souhaité être une vampire. Tout avait changé entre eux. Eux qui avaient été comme deux amis quand ils partageaient le statut de Freshie, ils étaient maintenant considérés comme des…comme quoi au juste ? Elle avait juste une libido bien plus accentuée depuis qu’elle s’était transformée et avait jeté son dévolu sur lui. Pourquoi ? Il n’en savait rien, mais elle était d’une grande aide. Le problème se posait à présent : qu’allait-il advenir d’elle une fois son plan mis à exécution ? Elle était une vampire malgré tout, et il ne pouvait pas aller contre ça. Et pourtant il ne la méprisait pas comme les autres, elle était différente d’eux, pourquoi la détester ? Peut-être était-ce là le pouvoir qu’elle possédait ? Le mettre dans le flou pour qu’il revoie ses positions, et donc elle l’attirait par les joies des relations charnelles. Tout ceci s’embrouillait dans sa tête.

« Pourquoi aller ailleurs ? » Question simple, mais qu’il ne parvenait pas à comprendre, alors qu’ils étaient maintenant dans une pièce qu’il connaissait bien. D’ailleurs là au fond dans le coin gauche, il y avait une sorte de passage secret, même s’il ne l’avait pas encore exploré réellement, il connaissait son existence. Certains vampires étaient stupides. Alors qu’elle semblait perdue dans ses pensées, il s’assit dans un fauteuil, soupirant. Il lui demanda alors amusé : « Tu comptes me dévorer des yeux ou tu comptes réellement me vider encore une fois ? » Elle savait au combien il avait du mal à se laisser faire à chaque fois, et pourtant Graeme laissait toujours transparaitre une confiance hors du commun, usant de la provocation. Tapotant ses doigts sur le fauteuil, il attendait une réponse en la fixant droit dans les yeux. A moins qu’elle ait quelque chose à dire à propos de son état, duquel il se souciait peu, il fallait l’avouer.